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La création d’un atelier « résistant » au Mont-Saint-Michel par Charles VII


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oute la Normandie n’était pas tombée aux mains des Anglais et une place résistait encore et toujours à l’envahisseur  : le Mont-Saint-Michel. L’argent étant le nerf de la guerre, le dauphin Charles, déshérité par le récent traité de Troyes, y autorisa l’installation d’un atelier monétaire en 1420 pour y battre monnaie aux coins de France. C’était à la fois un acte symbolique de résistance et une tentative de captation des métaux en concurrence de Saint-Lô. C’est très clairement le motif financier qui est d’abord énoncé par le dauphin régent dans les lettres patentes données à Meu-sur-Yèvre le 9 octobre 1420  : «  Considérans les très grans charges que avons à supporter pour la défense et recouvrement de la seignourie de monseignour [son père Charles VI] et de nous  », elles mettent en avant «  la nécessité qui est d’avoir pour ce finance et d’augmenter et accroistre les revenues et esmoluments  ». Ensuite seulement est considérée «  la grant loyaulté, bonne et vraye obbéissance en quoy ont touzjours esté [...] les manans et habitans de la ville du Mont-Saint-Michel  », allusion évidente à leur résistance aux assauts anglais. Le nouvel atelier, qui serait pris à ferme comme tous ceux du royaume, était autorisé à frapper des monnaies d’or et d’argent au bénéfice de l’autorité valoise. Son produit permit aussi d’assurer directement la défense du Mont  : Charles VII céda en 1425 pour un an les droits de seigneuriage de la Monnaie, moitié pour les chevaliers défenseurs, moitié pour les religieux de l’abbaye, don renouvelé pour trois ans l’année suivante. De l’hôtel qui accueillit la Monnaie sur le Mont, nous ne savons rien, pas plus que sur le personnel qui la composa. Tout juste pouvons-nous, grâce à quelques documents et à l’identification du monnayage délivré, définir ses périodes d’activité et de chômage. Il est d’abord certain que l’atelier montois ne se mit pas au travail immédiatement et qu’il reçut du matériel de fabrication de l’atelier légaliste le plus proche, Angers. Les premières monnaies qu’on lui attribue sont des écus d’or et des gros «  royaux  » appelés aujourd’hui florettes frappés sous la régence de Charles en 1421-1423, puis des monnaies créées par lui en tant que roi dès l’automne 1422 (blanc « à l’écu », blanc « à la couronnelle », blanc et petit blanc « aux trois lis »). L’atelier dut aussi connaître des périodes de chômage, comme entre 1423 et 1426, mais semble avoir été toujours ouvert au moment de la reconquête de la Normandie par le connétable de Richemont.